L'apparition de la marque en pleine crise, quant on sait qu'elle fut à l'origine de la démocratisation du Luxe, c'est d'un coup très logique....la raison est aussi à chercher du côté de son nouveau Directeur Artistique. Je vous présente :
Guillaume Henry, directeur artistique de la maison Carven.
La première boutique parisienne de la griffe ouvre enfin ses portes. Portrait de son styliste, Guillaume Henry.
Guillaume Henry, directeur artistique de la maison Carven.
Depuis qu'il a pris la direction artistique de Carven en 2010, il affole toutes les filles de Paris avec son coup de crayon qui les flatte sans trop en faire, mi-bourgeois, mi-canaille. Ne pas se fier à ses apparences lisses de garçon bien né, bien coiffé, dont on jurerait qu'il a usé ses culottes courtes au jardin du Luxembourg. Tout faux. "Je suis très content d'être d'origine rurale", confie Guillaume Henry. Comprenez Langres, en Haute-Marne. Mais aussitôt, ceci: "J'ai toujours vu Paris comme l'endroit où j'allais exister. J'imaginais que les gens y étaient tous très distingués." Sa première vision lui donne raison. En voyage scolaire de CM2, il fait halte dans le VIe arrondissement. "J'ai vu Madame Rykiel ceinte dans une fourrure noire descendre de sa voiture. Une apparition : le Saint-Germain mythique sous mes yeux." Très vite, il demande en cadeau une machine à coudre, et entame une correspondance avec Christian Lacroix. Après le bac, c'est l'envol. Beaux-Arts à Troyes puis, enfin, études à l'école Duperré et à l'IFM. A nous deux Paris. Etudiant avenue Montaigne le jour, il poursuit son initiation capitale la nuit, à tendance interlope, dans "le kitsch de Pigalle: les repaires slam ou punk, les cabarets aux néons criards, les sex-shops et les bars où j'espérais croiser le nouveau Rimbaud."
Depuis qu'il a pris la direction artistique de Carven en 2010, il affole toutes les filles de Paris avec son coup de crayon qui les flatte sans trop en faire, mi-bourgeois, mi-canaille. Ne pas se fier à ses apparences lisses de garçon bien né, bien coiffé, dont on jurerait qu'il a usé ses culottes courtes au jardin du Luxembourg. Tout faux. "Je suis très content d'être d'origine rurale", confie Guillaume Henry. Comprenez Langres, en Haute-Marne. Mais aussitôt, ceci: "J'ai toujours vu Paris comme l'endroit où j'allais exister. J'imaginais que les gens y étaient tous très distingués." Sa première vision lui donne raison. En voyage scolaire de CM2, il fait halte dans le VIe arrondissement. "J'ai vu Madame Rykiel ceinte dans une fourrure noire descendre de sa voiture. Une apparition : le Saint-Germain mythique sous mes yeux." Très vite, il demande en cadeau une machine à coudre, et entame une correspondance avec Christian Lacroix. Après le bac, c'est l'envol. Beaux-Arts à Troyes puis, enfin, études à l'école Duperré et à l'IFM. A nous deux Paris. Etudiant avenue Montaigne le jour, il poursuit son initiation capitale la nuit, à tendance interlope, dans "le kitsch de Pigalle: les repaires slam ou punk, les cabarets aux néons criards, les sex-shops et les bars où j'espérais croiser le nouveau Rimbaud."
390 ¤), jupe (250 ¤); chemisier en popeline de coton (190 ¤) ; escarpins en chèvre velours (320 ¤). Collection printemps-été 2011.
DR
"Partout je suis chez moi à Paris. J'aime tout. Le snobisme du VIIe arrondissement, le métissage de Barbès, le religieux de Saint-Roch..." Amateur de tribus, et d'une perception de la mode comme anthropologie, Guillaume Henry avoue une grande tendresse pour les quartiers populaires, notamment le XVIIIe arrondissement, où il a longtemps vécu. "Populaire n'est pas l'inverse d'élégance, loin de là." Il vante "les traditions surannées des guinguettes, Arletty, le 14 juillet, le bagout" et même "l'habit du dimanche". Logique, ses photographes de prédilection racontent un Paris généreux et gouailleur, Brassaï, Doisneau, Willy Ronis.
Sac en cuir et toile, (450 ¤), collection printemps-été 2011.
DR
Ce goût des extrêmes infuse sa mode, toujours sur le fil, "à double lecture", selon ses mots. Si, comme tout le monde, il a dessiné un manteau camel cet hiver, Henry (passé par Givenchy puis Paule Ka), veille à rendre sa créature plus vénéneuse qu'il n'y paraît. Pour la campagne de pub de cet hiver, il a fait poser le mannequin nu sous son manteau. Personne ne le sait, mais pour lui, toute l'attitude s'en trouve bouleversée. Une histoire de regard qui se trouble, de taille qui se cambre, de Belle de jour. "Carven, c'est fondamentalement frais, décrypte-t-il. A ses débuts, en 1945, Madame Carven dessinait des silhouettes espiègles, des petites robes pimpantes exultant la joie de vivre de l'après-guerre. Aujourd'hui, la fille Carven montre ses jambes car elle a des vêtements trop petits. Elle se place à la frontière entre la femme et l'enfant, est suggestive l'air de rien. C'est une mode à effeuiller plus que déjà mise à nu." D'où une robe ouverte sur les flancs de manière quasi imperceptible. D'où encore des décolletés à la limite du charnel, sans y tomber vraiment. "L'évidence de la séduction me laisse de marbre", conclut-il, tandis que la main de Jeanne Moreau dans Les Amants de Louis Malle, étreignant celle de Jean-Marc Bory, atteint un summum érotique.
retouvez la marque, au 36 rue Saint Sulpice dans le 6ème